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Aliénation

L’aliénation pour un être humain, c’est la perte d’autonomie, le vol des virtualités de développement qui étaient en lui. Il est devenu étranger à lui-même, il ne s’appartient plus (latin : alienus = qui appartient à un autre). L’aliénation s’oppose donc à l’autodétermination, à la liberté.

 

 

Dans quels domaines l’aliénation intervient-elle ? N’a-t-elle pas toujours existé ? Et n’est-elle pas inéluctable ? En effet, les régimes qui avaient proclamé sa fin n’ont-ils pas créé d’autres formes d’aliénation ? La passivité humaine, l’esprit moutonnier ne prouvent-ils pas qu’elle est naturelle ?

 

Histoire de l’aliénation

 

Dès qu’une société se scinde entre dirigeants et dirigés, l’aliénation commence. Esclavagisme, féodalisme, capitalisme, socialisme : elle prend chaque fois des formes nouvelles, de la dureté d’un travail inintéressant aux manipulations politiques et aux idéologies régnantes. Les philosophes des Lumières avaient réclamé, contre l’aliénation, l’éclosion de deux droits fondamentaux : la liberté et la propriété. Pour Hegel, l’idée pure et immatérielle s’aliène dans le réel et la nature, s’éparpille dans des milliers d’individus. Feuerbach insiste sur l’aliénation religieuse : l’homme investit ses désirs sur un Dieu qu’il a inconsciemment créé. Marx et Freud reprendront cette idée.

 

Formes économique set sociales

 

On doit à Marx une analyse lucide de l’aliénation dans la société capitaliste. Le travailleur est dépersonnalisé : le processus de production et le travail parcellaire lui sont imposés et on ne retient que quelques aptitudes rentables. Il est dépossédé puisque producteur d’une plus-value qui lui échappe. Marchandise rejetable il est réifié, c’est-à-dire réduit à l’état de chose (du latin res qui signifie chose). Cette analyse reste hélas pertinente partout où les formes d’exploitation de la main d’œuvre sont particulièrement cruelles.

 

Formes idéologiques

 

Le non-travail, qui pourrait être le refuge de l’autonomie, est lui aussi aliénant : le travailleur devient un consommateur effréné qui recherche  l’Avoir et le Paraître et ses loisirs lui sont dictés. Contre la prise de conscience, deux grands types de pseudo-solutions : l’action frénétique, dionysiaque (se tuer au travail, se consacrer à une activité dérisoire, se « divertir » au sens pascalien) et l’attitude « apollinienne » dont parlait Nietzsche (refus de l’action et choix de l’évasion dans le mysticisme, les sectes, la drogue)

En ce qui concerne drogue, les chiffres récents sont très alarmants. La consommation de drogue est en nette hausse chez les jeunes .

 

Que faire ?

 

La plupart du temps, on n’est pas conscient de son aliénation, on se croit libre. Le projet qu’il suit, l’individu croit l’avoir choisi. Tel qui croit sortir de l’aliénation tombe dans le piège d’une autre aliénation. A l’homme de prendre conscience en exerçant sa liberté et sa responsabilité. Mais l’homme peut-il changer si la société ne bouge pas ? Il faut, conjointement, lutter contre la société aliénante, lutter en soi contre le conformisme spirituel.