Mort

Arrêt du métabolisme, la mort a lieu en trois étapes :  mort apparente, avec arrêt du cœur et de la respiration ( on peut réanimer pendant trois minutes) ; mort clinique avec arrêt de l’activité bioélectrique du cerveau (électroencéphalogramme plat) ; mort totale (mort des cellules, retour à l’inorganique).

 

 

Peut-on penser la vie sans référence à la mort ? Est-elle l’horreur absolue ou le signe de la noblesse humaine ? Comment s’y préparer ? Littérature, sociologie, médias en discourent : pourquoi ?

 

 

Un impératif de l’évolution

 

La mort sert la vie de l’espèce, permet le recyclage des molécules, des milliers de fois. Elles reviennent aux cycles du carbone et de l’azote. Un organisme se renouvelle constamment par des échanges avec l’extérieur et pourtant nous mourons : la mort est, semble-t-il génétiquement programmée et les pulsions de mort sont présentes à la naissance.

 

Sociologie de la mort

 

Les rites de la mort varient selon les temps et les pays. La mort baroque exige un corbillard luxueux et un défilé imposant, la mort romantique est déchirante : après 1850, les tombeaux deviennent monumentaux. Aujourd’hui, on meurt souvent seul, à l’hôpital, encombré d’appareils, exclu sans bruit du champ social. Les pompes funèbres s’occupent du reste.

 

Une grande angoisse

 

L’horreur devant la putréfaction, la peur de la mort et des morts, l’effrayant spectacle des morts collectives (épidémies, guerres, camps de la mort) subsistent. Décès, trépas, fin, perte, les euphémismes dissimulent la réalité de la mort.

 

La mort nous questionne

 

Brutalement, la mort place chacun devant l’Etre, le réduit à ce qu’il  est, le transforme en essence, rend dérisoires l’Avoir et le Paraître. Aussi beaucoup essaient de l’esquiver à travers le travail et les plaisirs. Pour certains, l’espoir d’une vie éternelle fait de la mort un passage et tend à atténuer sa tragique étrangeté. Comme elle dépend du destin, les Stoïciens l’acceptaient et s’y préparaient : « Philosopher, c’est apprendre à mourir .» La belle sérénité d’Epicure lui venait de son athéisme : «  Tant que nous existons, la mort n’est pas et, quand la mort est là, nous ne sommes plus. »  Sartre a repris ce raisonnement. En revanche, Heidegger voyait dans l’angoisse de la mort le vecteur primordial de toute existence. Pour Camus, elle symbolise l’absurde mais l’homme affirme sa noblesse en luttant contre son empire, dans un désespoir et une révolte qui fondent un humanisme.

 

Mystère de ma mort

 

Toutes les hypothèses sur la néantisation ou la vie éternelle sont rassurantes mais ne sont-elles pas absurdes ? Ma mort reste mystérieuse et scandaleuse. Même si elle est décente, si la solidarité adoucit le passage, je devrai l’affronter, existentiellement, dans la plus complète solitude, avant de retourner à la matière ou d’entrer dans l’au-delà.