Mythe

Le mythe est un récit, oral ou écrit. Il conte les origines de l’univers, de l’homme, du clan. Il met en scène des dieux, des héros, des êtres, des situations surnaturels. Le temps mythique est un temps d’avant l’histoire, matrice des temps historiques. A la différence des contes et des fables, œuvres d’imagination, les mythes sont reconnus pour vrais.

 

 

Les mythes sont-ils liés à la jeunesse de l’esprit humain ? La raison et la science peuvent-elles les annihiler ? Que signifient donc les mythes et les héros mythiques ?

 

 

Une explication du monde

 

Le mythe est un récit primordial. Aucune société étudiée par les ethnologues ne s’est révélée exempte de mythes. Dans les populations primitives et les civilisations anciennes, le mythe est un récit, oral ou écrit, tenu pour vrai, qui explique les origines (la création du monde, de l’homme, du clan) et fonde les croyances, les valeurs, les pratiques de la société, le plus souvent, il met en scène des dieux, des héros, raconte des événements ayant eu lieu dans un temps primordial d’avant l’histoire.

 

Une dimension symbolique

 

Chez les grecs, les mythes ont une fonction à la fois symbolique et explicative : Orphée dont le chant peut attendrir les pierres et les dieux représente la toute puissance de la musique et de la poésie ; la ruse d’Ulysse, dans l’Iliade (le cheval de Troie) symbolise la supériorité de l’intelligence sur la force (ce n’est pas le « bouillant Achille » qui met fin à la guerre, mais le « rusé Ulysse ») ; Prométhée est puni par les dieux parce qu’il a donné le feu aux hommes, et que les dieux savent combien le feu est une redoutable puissance, etc. Œdipe, Zeus, Apollon, Hercule, Vénus, le Minotaure, sont des figures mythiques qui ont profondément marqué la culture occidentale.

 

Mythe et culture

 

Mythes et religions :

 

Chaque culture a ses propres mythes. Le mythe est toujours solidaire d’une époque, d’une civilisation ; de ce fait, il est fondamentalement lié aux religions : il suffit de songer à l’importance du mythe du Paradis perdu (Adam et Eve chassés de l’Eden et condamnés à souffrir et à travailler), à tout l’imaginaire lié au déluge ou à la tour de Babel, à la place du Christ, de la vierge Marie dans notre héritage culturel.

 

Mythes et histoire :

 

Après avoir voulu faire table rase de toutes les traditions, les révolutionnaires de 1789 ont instauré le culte de la Raison, organisé des fêtes en l’honneur de la République et de ses héros (les volontaires de Valmy ou Joseph Barra). Tant il est vrai qu’aucune société ne peut vivre sans aucun mythe, la politique aussi a ses héros, ses figures de légendes. C’est ainsi que la 3ème République a fait de Vercingétorix, de Du Guesclin et de Jeanne d’Arc de véritables mythes fondateurs de notre histoire nationale. De même, l’avancée des sciences et des techniques a engendré l’idée de Progrès, associée au développement de notre société.

 

Mythes et valeurs :

 

L’Europe moderne  a inventé quelques grands mythes scientifiques (Galilée, Newton, Pasteur, Einstein), littéraires (Don Juan,  Don Quichotte, Roméo et Juliette, Faust, Carmen, etc.) et historiques (la Renaissance, les Lumières, la Révolution française, les droits de l’homme, Napoléon, le rêve américain) dans lesquels elle reconnaît ses valeurs fondamentales, forge son imaginaire, condense ses interrogations ou les grands moments de son histoire.

 

Mythes de notre temps

 

Le renouvellement des mythes anciens :

 

Les spécialistes des mythes (anthropologues, historiens, etc.) ont le plus souvent étudié les mythes des sociétés traditionnelles. Cependant, depuis un siècle, les recherches mettent l’accent sur les constantes reprises et métamorphoses du mythe (Frankenstein, l’homme qui crée un monstre à l’aide la science, est un Prométhée moderne), sur la manière dont les sociétés modernes l’ont interprété (Freud découvrant le complexe d’Œdipe  par le biais des tragédies de Sophocle), se sont réapproprié les mythes antiques (à l’opéra ou dans le théâtre de Cocteau, de Giraudoux, d’Anouilh, de Sartre notamment) et en ont inventé de nouveaux.

 

La création de nouveaux mythes

 

On aurait pu croire, en effet, que la modernisation, la laïcisation et la démocratisation dans notre société occidentale marchande, très urbanisée, matérialiste auraient entraîné la disparition de toute transcendance, de toute légende, de tout mythe. Ce n’est nullement le cas : les pays industriels, qui célèbrent les grandes prouesses technologiques, ont fait de certains objets (la voiture, la télévision, l’ordinateur, le portable) des emblèmes fabuleux, des miroirs de la modernité (celui qui n’est pas branché sur Internet est out, passe pour un attardé), de l’Argent, du Progrès, de la Science de véritables mythes.

 

Les héros contemporains :

 

Dans les sociétés anciennes, les héros mythiques étaient célébrés par les conteurs, par des aèdes (chez les Grecs) ; aujourd’hui, ce sont les média qui ont pris le relais et qui content les fabuleuses histoires d’hommes dont on fait des idoles, des modèles. Les média sont remplis de héros, de « stars » qui deviennent des symboles, des mythes à part entière. Aucun domaine n’échappe à la mythification, mais c’est assurément dans le domaine du show-business et dus sport que la survalorisation, sinon la déification des personnes est la plus visible. L’histoire du cinéma est saturée de mythes (comme le mythe Garbo ou le mythe Marilyn) et, depuis quelques décennies, les « dieux du stades » et de terrains de toutes sortes peuplent l’imaginaire de toute la planète médiatique.