Raison

Les définitions varient selon les époques, les lieux, les penseurs. Toutefois les sens étymologiques subsistent : « logos », en grec = parole et raisonnement, « ration, en latin = calcul, compte et réflexion. Tantôt la raison est définie comme un ensemble de facultés raisonnantes à peu près immuables, tantôt comme un ensemble de règles permettant la connaissance.

 

 

Immuable, la nature de la raison ? Innée ou acquise, cette faculté de raisonner ? Ces débats sont sans cesse réactivés à la lumière des connaissances. Peut-on classer les principes de la raison une fois pour toutes ou bien faut-il parler d’une histoire de la raison ?

 

 

Innée ou acquise ?

 

Platon en est convaincu les facultés de la raison sont innées et elles sont des réminiscences du monde des Idées. Elles s’exercent à travers la dialectique ascendante, du réel au concept, et à travers la dialectique descendante, des idées à ce réel. Le rationalisme cartésien distingue les idées innées (infini, parfait, idées mathématiques) des idées adventices, liées à la perception.

 

Aristote et la raison

 

Fondateur de la logique, Aristote a édicté le fameux principe d’identité : A est A. d’où découle le principe de non-contradiction (A n’est pas non-A) et celui du tiers exclus (un sujet est soit A, soit non-A). son principe de causalité annonce le déterminisme : tout effet a une causes et les mêmes causes produisent les mêmes effets. Outre le fameux syllogisme, modèle du raisonnement, Aristote définit 10 catégories de la raison.

 

La synthèse kantienne

 

Kant a distingué les connaissances qui viennent de l’expérience, des cadres a priori ( = innés), qui permettent de les recevoir et de les organiser : « formes a priori de la sensibilité », ou structures perspectives, et, « catégories ;entendement », ou structures intellectuelles. L’entendement, qui comprend douze catégories, intervient dans le passage de la sensation à la perception.

 

La raison dialectique

 

Hegel, puis Marx et Engels, ont réfuté le fixisme d’Aristote et défini une raison dialectique à l’œuvre  dans l’univers et dans la pensée. Contre le principe d’identité, la dialectique proclame que tout change, que les éléments du réel sont interdépendants, et se conditionnent mutuellement, que chaque élément porte ses propres contradictions. Enfin, les changements quantitatifs aboutissent brusquement à un changement qualitatif (exemple : une révolution).

 

La raison scientifique moderne

 

Avec les sciences expérimentales, la raison se plie à l’expérience mais sous-tend les hypothèses, permet le raisonnement. De la physique à l’écologie, la raison scientifique est de nature dialectique. Ainsi, la mécanique ondulatoire associe une onde à un corpuscule, la psychanalyse admet les dichotomies de l’inconscient et l’écologie se définit comme l’étude de l’interdépendance des phénomènes.