Sacré

Le sacré est-il inhérent à la nature humaine ?Est-il d’essence religieuse ? Avec le secours de la raison et de la science, l’homme pourra-t-il un jour s’en passer ?

 

 

Qu’est-ce que le sacré ?

 

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Un pouvoir transcendant

 

Le sacré attribue à des êtres, des lieux, des objets, une valeur et un pouvoir qui les mettent au-dessus de l’ordre naturel et commun. Qu’il émane d’un dieu, d’un prêtre, d’un lieu ou d’un objet, le sacré suscite terreur et vénération. Par exemple, le temple est le lieu consacré, espace réservé, tabou, inviolable. Au contraire, le profane (le pro-fanum , « ce qui est devant le temple ») échappe au divin . le sacré peut habiter des choses qui peuvent porter chance, des plantes qui peuvent guérir, des animaux (totems des indiens).

 

 

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Le sacré, les rites et les cultes

 

Ce sont les prêtres, sorciers et chamans qui transmettent les mythes fondateurs, intercèdent, enseignent les rites, dénoncent les sacrilèges. Ils sanctifient  les grands moments de la vie et le passage de la vie à la mort. Ils sont les garants d’un pouvoir divin, supérieur au pouvoir profane. Ainsi, dans nos sociétés, autrefois les papes ou leurs représentants « sacraient » un roi ou une reine, en les investissant d’un pouvoir supérieur accordé par Dieu.

 

 

Quelle est l’origine du sacré ?

 

 

·        Un besoin de sens

 

L’homme veut trouver du sens : il cherche à expliquer l’origine du monde grâce à des grands récits fondateurs, à apaiser l’angoisse de la mort en imaginant un au-delà où il serait immortel, à se protéger des risques de la vie par des rites propitiatoires. Ainsi seraient nés les religions et le sacré.

 

             Un besoin de cohésion sociale

 

Mais la référence à des repères sacrés répond aussi à la nécessité d’une cohésion sociale. Une société humaine s’installe dans la durée en sécrétant des respects et des tabous liés à ses valeurs.

 

Le sacré et la religion

 

Si la pratique religieuse est en diminution, le sentiment d’appartenance à une religion reste vivace :

 

L’art sacré s’érige aux confins du profane et du divin. Ainsi, le premier art chrétien utilise-t-il des mots profanes et Jésus ressemble à Orphée. Dans l’icône on adore à la fois Dieu et les représentations esthétiques qui s’y réfèrent. Comme le vitrail, qui fait communiquer le terre et le ciel, l’ici et l’ailleurs, l’homme et le divin.

 

Le sacré et le profane

 

Antiochus 1er , roi du royaume de Commagène (Turquie de l’Est) de 62 à 34 avant Jésus-Christ, pour mieux assurer son pouvoir et pour devenir un Dieu, s’était fait construire un gigantesque mausolée sur lequel des sculpteurs l’ont représenté, en compagnie de Zeus et de Mithra. Hors de la religion, le sacré investit vite le profane, de la Voie sacrée des romains à celle de Verdun, du sens très surveillé de l’Ecriture Sainte à celui des classiques de l’écriture littéraire. Enfin, des individus (héros ou artistes) ou des activités collectives (sports, concerts) sont porteurs d’une forme profane de la sacralité.

 

Le sacré peut-il disparaître ?

 

·         Le renouvellement du sacré

 

Les grandes religions monothéistes appellent au respect d’interdits et de prescriptions. Certaines reculent, d’autres se développent et approfondissent la notion de sacré. Dans le domaine religieux lui-même, le recul des religions traditionnelles ne s’accompagne nécessairement d’un retrait parallèle du sacré dans la société. Les « revivals » religieux de tout genre prolifèrent partout où les églises se sont dépeuplées, depuis les dévots de Krisna et les moonistes jusqu’aux Jesus Freaks et aux mouvements charismatiques. En France, le nombre des adeptes des sectes est estimé à environ 300 000 à 400 000 personnes.

Mais on observe que des cultes profanes, tel celui des vedettes du spectacle et du sport suscitent des comportements quasi-religieux. Dans la société du spectacle, ils connaissent une extension démesurée. Les vedettes du show-biz sont de véritables « idoles sacrées », objets d’une adoration parfois mystique et fétichiste.

Dans la sphère politique, les partisans sont de vrais « fidèles », prêts à sacrifier leur temps et leur énergie  pour leur responsable. Les orateurs qui les haranguent peuvent être vus comme des officiants. D’autres rituels complètent les rassemblements : le drapeau, dans certains cas, les chants de ralliement, les slogans, les marches et les manifestations. Certaines réunions politiques ressemblent à des services célébrés dans des lieux privilégiés.

Par ailleurs certains finissent par considérer la nature comme sacrée et parlent de profanation chaque fois qu’elle est violée. Le sacré serait-il inhérent à la nature humaine et très profondément ancré dans le psychisme des hommes ?