Tolérance

Le mot tolérance admet deux sens dénotés. Tolérer, c’est ne pas interdire alors qu’on le pourrait, ou qu’on le voudrait. Dans une acceptation plus humaniste et démocratique, la tolérance est l’attitude qui consiste à admettre chez autrui des opinions et des manières différentes des nôtres.

 

L’homme est-il naturellement tolérant ? La tolérance n’est-elle pas souvent l’expression d’un rapport de forces ?Ne faut-il pas s’interroger sur le statut de la tolérance dans divers régimes politiques d’hier et d’aujourd’hui ? Peut-on tout tolérer , même l’intolérance ?

Leçons de l’histoire

Historiquement, c’est le premier sens  du mot qui l’emporte. Ainsi, au moyen-âge l’Eglise omnipotente impose ses dogmes. Au 13ème siècle, dans le midi, l’église tolère un moment l’hérésie albigeoise ; dès que la Croisade put être organisée, aux discussions parfois très libres entre Cathares et Catholiques, succéda la guerre. De même malgré la signature du traite de l’Edit de Nantes en 1598, les protestants sont seulement tolérés. Sous Louis XIV l’Edit de Nantes est révoqué (1685). Aussi caractéristique est le cas des juifs. L’Eglise ayant interdit le prêt à intérêt, ils sont les seuls à le pratiquer et, à ce titre, le pape les protège. Ce qui n’empêchera jamais les pogroms !

Les luttes pour la tolérance

Le second sens du mot « tolérance » a été retenu par tous les penseurs et humanistes qui ont voulu en préciser les fondements. Ainsi, pour Montaigne, Descartes ou Molière, la tolérance se justifie par la difficulté à découvrir la vérité dans tous les domaines. Le siècle des Lumières est celui de la lutte pour imposer les tolérances religieuse et politique, liées à la liberté de pensée et à la démocratie. Montesquieu dénonce l’intolérance au nom de la générosité et de la précarité de nos jugements ; Voltaire, qui défendit Calas, Sirve et d’autres victimes de l’intolérance, fit de ses écrits de vivants plaidoyers pour la tolérance à laquelle devraient nous inviter le cœur, la raison et la conscience des faiblesses humaines. Bien entendu, Diderot et les encyclopédistes continuent le combat qui aboutira, en 1789 à la Déclaration des Droits de l’Homme. Le 19ème siècle a continué l’édification de la démocratie française fondée sur la tolérance.

Actualité de la tolérance

Le 20ème siècle fut largement celui de l’intolérance avec l’édification des régimes totalitaires : terreur nazie et fasciste, génocide des juifs, parti unique et goulag en ex-URSS, liquidation des opposants dans les démocraties populaires, asservissement des peuples. Le mot tolérance ne pouvait que faire ricaner les tenants des méthodes totalitaires.

Aujourd’hui la crise économique et certains actes terroristes exacerbent les conflits, et la violence, la barbarie l’emportent souvent sur les solutions négociées et le respect d’autrui. Mais la tolérance est nécessaire !