Fiche 10 : Les figures de style

Les figures de style

Il s'agit des figures de modification de la prononciation des mots. Elles sont assez peu fréquentes dans les textes littéraires sauf s'ils cherchent à imiter la langue parlée (cf les paysans dans le Dom Juan de Molière). À retenir !

 

1.1. L'apocope qui résulte de la suppression d'un ou plusieurs phonèmes en fin de mot (sans que cela altère la signification).

 

ex.:   Je suis allé avec Hélène au cinéma (pour cinématographe)

On va au ciné ?

1.2. L'aphérèse résulte, à l'inverse, de la suppression d'un ou plusieurs phonèmes en début de mot.

               ex :   Tu prends le bus à quelle heure ? (pour autobus)

 

1.3. La syncope résulte de la suppression d'un ou plusieurs phonèmes à l'intérieur d'un mot (en parti­culier le e muet ou non).

 

ex.: Sa mutation fut un boul(e)versement dans sa vie. (le -e n'est pas prononcé)

 

1.4. La paronomase consiste à associer de façon humoristique ou critique des paronymes

 

         ex.: La perception du percepteur n'était pas la même que celle du précepteur..

 

1.5.    L'allitération, en prose comme en poésie, consiste à jouer sur la répétition de consonnes de la même famille (dentales, sifflantes, etc.)

 

ex.: Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes.

(Racine, Andromaque)

 

1.6. L'assonance, en poésie comme en prose, consiste à jouer de la répétition des mêmes voyelles (ou voyelles nasales).

 

ex. : Le temps est long et lent

 

1.7. La synérèse consiste à prononcer en une seule syllabe, les deux voyelles d'une diphtongue.

 

           ex.: Le lion est le roi des animaux. (pronocer : le  "lyon" en une seule syllabe

 

1.8. La diérèse consiste à prononcer (et à compter) deux syllabes dans une diphtongue (figure essen­tiellement poétique).

 

ex.: Tu es mon li-on superbe et généreux.. (prononcer : le "li-on" en deux syllabes

 

2. Les figures de style fondées sur le sens

Elles sont fondées sur la modification du sens des mots (ou de mots associés). Elles sont si fréquentes dans le langage moderne, publicitaire en particulier, que nous ne le remarquons même plus. On peut distinguer deux familles.

 

2.1.  les figures d'altération du signifié

 

2.1.1. La métaphore  qui rapproche deux termes sans éléments comparatifs :

 

                ex.: Ses cheveux de soleil (=blonds et lumineux)

 

On peut distinguer :

 

-  la métaphore analogique (fondée sur une similitude)

 

ex.: Soleil cou coupé (Apollinaire, Zone)

 

(image macabre fondée sur la similitude entre le soleil rouge du crépuscule et un cou coupé)

 

-  la métaphore de personnification (qui donne une personnalité à une chose inanimée).

 

         ex.: Et le soleil pense tout haut (Supervielle, Marseille)

 

-  la métaphore filée (qui se prolonge sur une phrase, un paragraphe)

 

ex.: Déjà la nuit dans son parc amassait

Un grand troupeau d' étoiles vagabondes.

(image assimilant la nuit à une bergère rassemblant son troupeau d'étoiles

2.1.2.  La métonymie qui rapproche deux termes contigus (contenant/contenu...)

ex. : Buvons un verre    (on boit le contenu, non le contenant)

ex.: Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe...     (Victor Hugo, Demain, dès l'aube)  (couleurs mordorées du soleil couchant)

•2.1.3221.3. La synecdoque qui remplace la partie par le tout ou le tout par la partie.

ex. :     C'est une tête....

Ni les voiles au loin descendant vers Har Fleur

(V. Hugo, Demain, dès l'aube)

 

(les voiles sont mises pour les bateaux)

2.2. Les figures d'atténuation ou d'intensification du signifié

Citons entre autres :

 

2.2.1.  La périphrasequi remplace un terme par plusieurs autres (pour des raisons de variété ou d'imagi­nation).

ex.: Balzac... L'auteur de la "Comédie humaine"

2.2.2.  L'euphémisme qui cherche à atténuer la réalité jugée déplaisante.

ex.: Ce grand écrivain nous a quittés (il est mort), victime de la maladie du siècle (le sida).

2.2.3.  L'hyperbole qui exagère la portée ou la signification d'un terme ou d'une expression.

ex.: Vous reviendrez me voir, dit-elle,

Quand vous serez riche à millions.

(Robert Desnos, Bagatelle)

2.2.4.  La prétérition où l'on feint de ne pas parler de quelqu'un pour mieux l'évoquer.

 

ex.: Je ne vous dirai rien de ce grand homme dont chacun connaît les petitesses.

 

 

3. Les figures de construction

 

Il s'agit de figures de style qui, utilisant la syntaxe, combinent les mots de façon expressive :

 

3.1.L'anaphorequi consiste à reprendre, en début de phrase ou de vers, la même formule grammati­cale.

ex.              Quand le ciel bas et lourd...

                        Quand la terre est changée...

           Quand la pluie...  


        (Baudelaire, Spleen)

 

3.2.  L'ellipse qui supprime les mots non indispensables à la compréhension de la phrase pour donner un rythme plus nerveux.

                    ex.:     Il est venu, (il) lui a parlé, puis (il) l'a quittée brusquement..


3.3  La gradation(crescendo/decrescendo) accumule des termes de plus en plus (ou de moins en moins) forts.

                   ex. :     Je me meurs, je suis mort, je suis enterré (crescendo)

(Molière, L'Avare)

ex.:      Adieu, veau, vache, cochon, couvée... (decrescendo)

(La Fontaine, Perette et le Pot au lait).

3.4  L'oxymore est une figure qui associe deux termes de sens contradictoire.

                 ex.: Durant cette boucherie héroïque (Voltaire, Candide, ch. 3)

 

3.5.  Le chiasme répond au schéma ab  b'a'.

 

       ex.: Il faut travailler pour vivre et non vivre pour travailler

 

3.6. L'anacoluthe est une rupture de construction. Ici le participe passé "pleuré" n'a pas de sujet (il n'étant pas celui qui "grava")

 

ex. : Et pleuré des vieillards, il grava sur leur marche Ce que je viens de raconter.

(La Fontaine, Fables, XI, 3)

 

3.7.  L'asyndète est l'absence de lien ou de liaison grammaticale entre les phrases.

 

             ex.: Un éclair... et puis la nuit ! — Fugitive beauté

Dont le regard m'a fait soudainement renaître.

(Baudelaire, À une passante)

 

3.8. La redondance  est un effet d'insistance par la répétition d'une même idée par des mots de sens voisins.

 

ex.: Monsieur, il était bon et doux comme un Jésus

 

(Victor Hugo, Souvenir de la nuit du quatre)

 


4. Les figures de pensée


Il s'agit de figures de style qui exigent de la sagacité car elles doivent être analysées au... second degré.

 

4.1. La litote qui signifie le plus par le moins

 

ex. :       Il n'est pas bête.

ex.:      Va, je ne te hais point (Corneille, Le Cid, Il)

 

4.2. L'antithèse qui confronte deux notions opposées

 

ex.:      Et dans ce grand bonheur, je crains un grand revers (Corneille, Le Cid, Il)

 

4.3. Le paradoxe qui repose sur une affirmation surprenante, contraire à l'opinion commune.

 

              ex.:        J'aime mieux être un homme à paradoxe qu'un homme à préjugé.

                            (J.J. Rousseau)

 

ex. :     Le superflu, chose très nécessaire

(Voltaire, Le Mondain)

 

4.4. La prosopopée qui confie la parole à une entité, un être disparu (et qui revient pour juger le présent).

 

ex. :       La prosopopée de Fabricius dans le "Discours sur les Sciences et les Arts

           de J.J. Rousseau, est un morceau d'anthologie. Lisez-le dans votre manuel...

 

Cette liste est loin d'être limitative. D'autre part la classification de ces figures peut varier d'un ouvra­ge de référence à un autre. Ne vous inquiétez pas. L'important c'est de les connaître et reconnaître dans un texte !