Etat

La définition la plus neutre de l’Etat retient l’idée d’une structure juridique, d’un ensemble d’institutions administratives, politiques, répressives. A ne pas confondre avec la nation, communauté historiquement constituée : la nation polonaise, jadis, était écartelée entre trois états et l’état austro-hongrois comprenait plusieurs nations.

 

 

Peut-on souhaiter, avec les libertaires et les anarchistes, une société sans Etat ? En effet, l’Etat n’est-il pas plutôt un obstacle à la liberté que son garant ? Mieux, l’Etat est-il toujours de nature totalitaire, même l’attrayante démocratie ?

 

 

Apparition de l’Etat

 

Les sociétés archaïques, fidèles à leurs coutumes et à leurs croyances contraignantes, incarnées par le chef de famille et le prêtre, ne connaissent pas l’Etat. Lorsqu’il devient nécessaire de diriger et de protéger un vaste ensemble, un chef prend le pouvoir. La force ou la sagesse le fait reconnaître. Le système féodal illustre cette situation :on fait allégeance à un homme. Ce système favorise les luttes pour le pouvoir et l’instabilité. Au 16ème siècle, le besoin s’est fait sentir d’une dissociation entre le pouvoir et ceux qui l’exercent. Ainsi naquit l’Etat moderne, titulaire abstrait mais permanent du pouvoir.

 

L’essence de l’Etat

 

Les philosophes n’ont pas manqué de s’interroger. Pour Platon, c’est la justice ; pour Aristote, la vertu. Pour Hobbes, l’Etat permet de préserver les hommes contre leur sauvagerie et leur violence naturelles. Cet Etat, c’est le Léviathan, le monstre du Livre du Job, dans la Bible, d’essence totalitaire mais apte à protéger l’homme contre l’homme. Hegel recueille en partie cette conception et précise que l’Etat incarne « la loi de la Raison ». pour Marx et Engels, l’Etat est l’appareil coercitif au service de la clase au pouvoir.

 

L’Etat totalitaire

 

Il est fondé sur la toute puissance de l’Etat et la dictature d’un parti unique. Tous les secteurs de la vie sont contrôlés et la répression est cruelle. Les fascismes sont l’exemple le mieux connu. Au nom du marxisme, la doctrine de « l’Etat partisan » admet le parti unique puisque, théoriquement, la révolution va réaliser l’unité du peuple, en éliminant les adversaires du prolétariat. Dans les faits, la « démocratie populaire » a dégénéré dans la dictature d’un groupe ou d’une personne.

 

L’Etat démocratique

 

Selon Rousseau, les hommes doivent accepter un « contrat social » : les citoyens associés décident librement d’obéir à la volonté  générale exprimée par l’Etat, mais Rousseau ne croyait pas à la démocratie intégrale. L’Etat démocratique aujourd’hui est un Etat « de partis », où le pluralisme est accepté. Mieux, la séparation des pouvoirs, chère à Montesquieu, préserve le citoyen de l’arbitraire. Les démocraties modernes retiennent ces prolégomènes. Les divergences actuelles entre démocrates concernent surtout le degré d’intervention de l’Etat.